Thursday, November 10, 2011

REPONSE A GUY PARFAIT SONGUE SUR LES EGLISES DE REVEIL



Lors de ses récentes interventions médiatiques, le politologue Guy Parfait SONGUE, énumérant les différents maux dont souffre le Cameroun, s’est violemment attaqué aux églises dites « réveillées », les accusant d’être dit-il : « à l’origine de la destruction du lien social et familial ». Selon ses dires, les églises réveillées demanderaient à leurs ouailles de renier tous les membres « incroyants » de leurs familles. La légèreté et l’intolérance qui transparaît de ces accusations étonne de la part d’un intellectuel dont l’audience et l’influence ne cesse de grandir tant au plan national qu’international. Il nous semble judicieux et ce dans un souci pédagogique, d’éclairer l’éminent politologue sur l’impact des églises « réveillées » sur la marche de la société prise dans son ensemble.

Si l’on peut faire de nombreux reproches aux « églises réveillées », parmi lesquels une certaine propension au bruit, un rapport complexe à l’argent et un recours méfiant à la médecine humaine, il est en revanche risqué de se prononcer sur le caractère négatif de leur rôle social.
Une église de réveil (ou église réveillée ou église pentecôtiste) est une église chrétienne évangélique et fondamentaliste en ceci qu’elle prône une application stricte et sans divergence de la doctrine et de la vie de l’église primitive telle qu’enseignée par la bible et rien que par la bible. Une des caractéristiques les plus marquantes des églises « réveillées », par opposition aux églises « mortes », tient au rôle et à la place du Saint Esprit dans la vie de l’église et du chrétien. Et celle-ci doit être conforme à la manifestation et à l’exercice des dons et ministères du Saint Esprit. Cette tradition remonte au jour de la pentecôte pendant laquelle les disciples de jésus Christ ont reçu l’effusion du Saint esprit et se sont mis à parler en diverses langues. De plus, le caractère surnaturel de la présence du saint Esprit doit nécessairement s’accompagner d’un processus de constante sanctification du corps et de l’esprit, entraînant donc pour le chrétien un rejet de toute espèce de mal tant spirituel que physique.
La bible déclare dans le livre d’Ephésiens 5:11 : « Ne prenez point part aux œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt, condamnez les ! » Et dans le livre de 2 Corinthiens 6 :14 : « Ne formez pas avec les incroyants un attelage mal assorti ; en effet quelle association y a-t-il entre la lumière et les ténèbres entre Dieu et Satan ?  ou encore dans 1 Corinthiens 15:33  il est dit que : « les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs ». Monsieur SONGUE, dans votre intervention télévisée à la CRTV, vous vous êtes clairement démarqué et mais vous avez dénoncé un certain nombre de tares et de maux que l’on observe dans notre société en général, parmi lesquels vous ranger les églises de réveil. Or je suis heureux de savoir que d’une certaine façon vous en faites partie, du moins dans vos méthodes et moyens d’action. Ne vous a-t-on pas vu prendre votre bâton de pèlerin pour prêcher la bonne nouvelle urbi et orbi ? Vous êtes un consultant attitré auprès des chaînes internationales telles RFI et Africa 24 sans parler des télés et radios locales. Vos critiques heurtent la sensibilité de plus d’un et ont certainement dû vous valoir des mésententes voire des ruptures avec certains de vos amis, parents et relations. Est-ce pour cela vous méritez d’être considéré comme un facteur de destruction du lien social ou familial ? Que non ! Si le fait de dénoncer le mal et de dire la vérité peut être considéré comme louable au sens de l’intérêt social, alors je dirais que les églises de réveil mériteraient d’être encouragées.

Le rôle positif des « églises réveillées ».
Les maux dont souffre notre société et que condamnent les églises réveillées sont: la corruption, le mensonge, le vol, l’adultère, la jalousie, la sorcellerie, l’homosexualité, le meurtre, la désobéissance aux parents, etc. Vous conviendrez avec nous qu’une église qui prône de telles valeurs est très utile à un pays. Les fidèles adeptes de ces églises ne seront jamais incriminés dans des affaires de corruption, de fraude, de détournement des biens, de viol, d’avortement ou de transmission de IST, d’adultère, de sorcellerie et autres. L’on a vu quasiment toutes les églises de réveil engager des mouvements de prière avec jeûnes pendant de longs mois afin de prévenir tout désordre et violence électorale et post électoral. Cela mérite d’être relevé et encouragé, car il n’est pas juste de ne prendre la parole que pour dénoncer la paille dans l’œil du prochain. Il est donc clair que si le Cameroun tout entier pouvait se convertir aux églises de réveil, l’Etat n’aurait plus qu’à fermer la CONAC, le Contrôle Supérieur de l’Etat, les cellules de luttes contre la corruption, les comités de luttes contre le SIDA, contre l’alcoolisme, le tabagisme, etc. Les camerounais n’auraient plus peur de se rendre dans leurs villages, de concourir pour des postes administratifs, des marchés publics à cause d’une confiance et d’une sérénité retrouvée. En tant que politologue, vous avez certainement du lire l’ouvrage de Max WEBER intitulé : Les sectes protestantes et l’esprit du CAPITALISME (1906) dont je vous ai sélectionné un florilège[1] en bas de page.
En définitive nous espérons avoir éclairé la lanterne du Dr SONGUE en lui indiquant que le bruit des églises vaut mieux que celui des bars qui prolifèrent dans nos villes, que les nuits de prières font plus de bien que les invocations dans les sanctuaires, sanctums et loges ésotériques. Enfin il convient de clamer que la distance qui se crée souvent entre les chrétiens et les incroyants très souvent le fait des mesures de rétorsion infligées par la famille pour faire pression amener les nouveaux convertis à abandonner leur foi. Les églises réveillées suivant l’enseignement du Christ prône un amour sans condition du prochain y compris ceux qui se considèrent comme leurs ennemis. Toutefois amour, sollicitude et devoir d’assistance doivent s’accompagner de caractère et de fermeté afin que le sentimentalisme ne nous rende captif des chaînes de l’esclavage du péché et du mal.
Cher Maître, nous pensons avoir contribué à vous édifier sur une question dont nous croyons avoir une connaissance et une expérience certaine. Que Dieu vous bénisse.

Francis BIDJOCKA
Publié sur le blog Le Vigilant (www.intelligentsiafrica.blogger.com)




[1] « … aux États-Unis, le fait d'appartenir à une communauté religieuse comporte des charges financières incomparablement plus lourdes qu'en quelque partie que ce soit de l'Allemagne, pour les pauvres surtout. »

« tandis que les autorités américaines, comme nous l'avons dit, ne posaient jamais la question de l'appartenance confessionnelle, celle-ci était presque toujours en cause dans la vie sociale ou professionnelle, lesquelles dépendent de relations durables et de la bonne réputation. Pourquoi ? »
Au cours d'un long voyage par chemin de fer … l'auteur de ces lignes, se trouvant dans le même compartiment qu'un représentant, fit incidemment état du sentiment religieux dont la force demeurait encore impressionnante. A quoi le voyageur de commerce répliqua : « Monsieur, je pense que chacun peut croire ou ne pas croire ce qu'il lui plaît. Pourtant, si je rencontre un fermier ou un commerçant qui n'appartient à aucune Église, je ne lui fais pas crédit de 50 cents. Qu'est-ce qui  pourrait l'inciter à me payer s'il ne croit absolument à rien? (Why pay me, if lie doesn't believe in anything?) »

« Il ne faut cependant pas perdre de vue que, même en Amérique, sans la diffusion universelle des qualités et des principes de conduite méthodique observés par ces communautés, le capitalisme ne serait pas aujourd'hui ce qu'il est. »
« Dans le passé et jusque de nos jours, l'un des caractères spécifiques de la démocratie américaine fut, précisément, qu'elle n'était pas un informe tas de sable, [un agrégat] d'indi­vidus, mais qu'elle constituait un enchevêtrement d'associations rigoureusement exclusives, et volontaires. »
« C'est la communauté religieuse qui déterminait l'admission ou la non-admission à la pleine citoyenneté politique [1]. Elle en décidait selon que l'individu avait prouvé [Bewährung] ou non sa qualification religieuse par sa conduite, comme ce fut le cas parmi toutes les sectes puritaines au sens large du terme. »

« L'énorme importance sociale de l'admission à la pleine jouissance des droits dans les communautés sectaires, en particulier l'admission à la sainte cène, agissait dans le sens d'une discipline ascétique de la profession, adéquate au capitalisme moderne à son origine. »
« Pour le puritanisme, cette Conduite était un mode de vie déterminé de façon méthodique et rationnelle, lequel - dans des conditions données - a frayé la voie à l' « esprit » du capitalisme moderne. »