Saturday, November 29, 2008

Lettre à mr BIYA

Je viens par la présente vous présenter un projet qui peut aider votre peuple non seulement à réduire la pauvreté et la misère mais aussi à se prendre à charge. Nous savons que vous nourrissez pour votre pays de grandes ambitions. Toutefois, la réalisation de ces ambitions ne peut se faire qu’avec le concours de tous. Il est possible qu’un de vos plus petits concitoyens détienne la solution à un problème donné et n’ait pas de moyen de vous en faire part. C’est pour cela que nous louons grandement l’opportunité que nous donne votre site de pouvoir vous parler. J’aimerai donc vous faire une proposition concrète que j’intitulerais « projet Héritage intangible » ou « Patrimoine immuable ».

Le projet consiste à mettre au programme de toutes les facultés médicales du Cameroun, dès la prochaine rentrée académique, l’enseignement de la pharmacopée traditionnelle. Il est anormal qu’un médecin formé au Cameroun ne puisse pas maîtriser les traitements alternatifs à la médecine moderne (occidental). Il importe de rappeler que vos ancêtres n’ont pas attendu l’arrivée d’étrangers pour apprendre à soigner le paludisme, les hémorroïdes, la fièvre jaune ou l’impuissance sexuelle. Il est même avéré que la médecine africaine surpasse la médecine traditionnelle sur plusieurs de ces maladies. à titre d’illustration, un des médicaments les plus efficaces contre la prostatite (TADENAN) est réalisé à partir des écorces du prunier d’Afrique (pygeum africanun) dont le Cameroun est l’un des plus grands importateurs avec près de 2000 tonnes par an. Or une boîte de 30 comprimés coûte près de 14 000 f au Cameroun. Or le traitement de la prostatite nécessite de prendre plusieurs boîtes. Il va s’en dire que le camerounais moyen ne peut pas se les offrir.

Par contre si nos médecins pouvaient prescrire des décoctions de pygeun africanum à leurs patients, les résultats seraient plus que positifs. Je dois rappeler que l’IMPM (l’institut des plantes médicinales) a été créé à cet effet et qu’il dispose de résultats concrets et applicables. Or il nous semble que cet institut serve plutôt de relais aux recherches de laboratoires occidentaux puisqu’il ne profite pas au camerounais.

En effet cet institut ne peut avoir sa place que si ses résultats sont exploités au Cameroun par les praticiens de la médecine. En ce moment où l’on n’a jamais autant parlé de la préservation de la biodiversité, de l’alimentation bio ou médecine naturelle, nous pensons que les africains doivent saisir cette opportunité pour laquelle ils disposent d’avantages comparatifs.

Qu’il nous soit donc permis d’insister sur le bien fondé d’une telle mesure en évoquant les milliers de personnes qui seraient sauvées si les médecins pouvaient prescrire voire préparer des médicaments traditionnels notamment pour les populations démunies de l’arrière pays.
L’on a souvent évoqué le problème du dosage de ces médicaments. Nous y répondrons en disant qu’une abondante littérature sur les plantes médicinales africaines existe. Il faut préciser qu’elle émane la plupart du temps de l’occident et des tests ont même été réalisés au niveau de l’IMPM.

Rappelons que c’est dans le domaine de la médecine naturelle que la Chine a commencé à s’exporter dans le monde. Or nulle part ailleurs en Afrique et plus particulièrement au Cameroun il n’existe un tel potentiel de plantes médicinales.

En résumé monsieur le président nous vous conseillons de faire un geste fort dans le sillage de votre politique des grandes ambitions pour lancer ce programme d’enseignement de plantes médicinales dans nos facultés de médecine dès la prochaine rentrée académique. Non seulement cela contribuera à lutter contre la pauvreté, mais encore cela permettra de créer des nouvelles activités génératrices de revenus dans les campagnes et en ville. De plus cela nous fera prendre conscience de la nécessité de préserver notre biodiversité. Cette mesure n’aurait que des avantages.

Bee Binkon;

Extrait d'une lettre addressée au Président Biya (via son site), mais restée sans réponse jusqu'à ce jour.

No comments: