Tuesday, February 8, 2011

TSIMI EVOUNA : L’HOMME PAR QUI VIENDRA LE MAL.



Après avoir été un des responsables des émeutes de la faim en février2008, le voilà à nouveau au cœur du mouvement de révolte qui a conduit les petits commerçants du marché de mokolo à affronter les forces de l’ordre le 15 décembre dernier. A force de jouer avec le feu…

Tsimi Evouna est sans conteste la personnalité la plus controversée qu’a produit  le régime Biya au cours des cinq dernières années. Bâtisseur visionnaire pour les uns, despote inhumain pour les autres, le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé ne laisse personne indifférent.

A son actif, de nombreuses réalisations : constructions de nouvelles avenues dans le périmètre urbain, aménagement des ronds points et jardins publics, disparition de plusieurs taudis, ramassage systématique des ordures et même balayage des rues. Le symbole de son action  se décline plutôt par une série de réalisations de prestige à l’instar du bois sainte Anastasie (jardin aménagé au cœur de la ville), de l’échangeur « compliqué » du rond point de la préfecture, des travaux d’embellissement des ronds points, des trottoirs et terre-pleins ici et là.

Le bilan matériel semble flatteur, pourtant de nombreuses zones d’ombre subsistent.  L’échec le plus patent de la politique de Mr Tsimi Evouna est sans doute le fiasco du projet de construction de la cité Ongola à l’emplacement de l’ex camp sic Tsinga. La gestion de ce projet a permis de mettre a nu les méthodes peu orthodoxes du délégué du gouvernement. Celles-ci se manifestent par le non respect des procédures réglementaires et managériales de base. Ainsi, la quasi-totalité des marchés passés par la communauté urbaine le sont en violation du code des marchés publics qui imposent aux maîtres d’ouvrage de recourir à la compétition et à la transparence dans le cadre des appels d’offres publics.

L’agence de régulation des marchés publics (ARMP) a relevé de nombreuses irrégularités dans la passation des marchés de la communauté urbaine de Yaoundé. On peut entre autres citer le démarrage voire l’exécution de plusieurs chantiers en l’absence d’avis d’appel d’offres. Interpellé par le directeur de l’agence des marchés, Mr Tsimi evouna lui rappelle  dans une correspondance qu’il est « tenu à une obligation de résultats » et qu’en «  l’état actuel de la réglementation sur les marchés publics, il n’est pas toujours possibles de les atteindre ». Cette attitude est paradoxale lorsque l’on sait que Mr Tsimi Evouna s’est toujours appuyé sur les lois afin de mener sa politique de déguerpissement. Toutefois il devra tôt ou tard répondre car les  passations des marchés en violation du code des marchés peuvent être dans le cas d’espèces assimilées à des détournements de fonds. Rappelons que la majorité des faits reprochés aux victimes de l’opération Epervier découle de la violation des procédures de passations des marchés (que ceux-ci soient réalisés ou pas). Mr Tsimi Evouna ne doit pas interpréter le silence des autorités gouvernementales et judiciaires comme une approbation (d’aucuns ont commis cette erreur à leurs dépens). Moralité : « on vous servira dans la mesure dont vous serez servis ».

Une violence omniprésente.

La violence qui caractérise l’action du délégué du gouvernement auprès de la commune urbaine de Yaoundé, a atteint une ampleur qui commence à inquiéter parmi ses plus fervents supporters. A son actif on peut citer entre autres, la destruction des quartiers Ntaba –Nlongkak, Hippodrome, Messa-Carrefour Lissouck, Derrière combattant, Briquetterie face Palais des sports. C’est plus de 10 000 personnes qui ont ainsi été jetés dans la rue sans aucun ménagement. Au niveau économique, les populations sont témoins des agressions quotidiennes des agents de la CUY. En plus des casses sauvages sur des boutiques et comptoirs dans les différents marchés et quartiers , des motocyclettes sont brutalement arrachées par des miliciens du super maire en dehors des procédures classiques d’interpellation, des marchandises de pauvres femmes sont écrasées dans les marchés, les sauveteurs sont pourchassés, les petits commerçants ambulants sont traqués.

L’action aveugle de Mr Tsimi Evouna est une grave menace pour la paix sociale. L’on se souvient qu’en 2008, la grève des transporteurs avait été motivée en partie par un arrêté de la CUY durcissant les conditions de stationnement des taxis. Récemment nous avons vu la violence se déployer au marché Mokolo à cause du harcèlement incessant de ses agents. Ces quelques escarmouches cachent un malaise profond et des conséquences plus que dramatiques. On observe une insécurité grandissante liée à une dégradation des moeurs dans la ville de Yaoundé. Cette situation est intenable et on peut prévoir qu’en 2011, année électorale,  une explosion aura lieu. En effet, comment comprendre que l’on interdise la « débrouillardise » dans une ville où plus de 70% de la population vit du secteur informel et où 40% vit en dessous du seuil de pauvreté (statistiques de l’institut national de la statistique).
Cette attitude va même à l’encontre de la politique de lutte contre la pauvreté menée par le gouvernement et les institutions internationales, l’on ne saurait comprendre l’acharnement du Délégué de ce même gouvernement à détruire le tissu fragile du secteur informel dont il a été démontré qu’il constitue un véritable levier de lutte contre la pauvreté et partant de création de l’économie. Il nous revient que le rapport Attali commandé par le président Sarkozy pour lutter contre le chômage a prescrit l’augmentation du nombre de taxi, de coiffeurs et autres petits métiers. La France vient même de créer le statut d’auto entrepreneur. Si dans des pays avancés l’on reconnaît l’apport du secteur informel, au Cameroun nous avons un « petit blanc » nommé  TSIMI EVOUNA qui se veut plus royaliste que le roi et qui veut transformer la ville en une cité aseptisée au profit des riches, car dit-il « on ne vient pas à Yaoundé pour se débrouiller ! »

 Une chose est sûre, si Mr Tsimi Evouna n’arrête pas de détruire les sources de revenus d’honnêtes petites gens, de déguerpir les trottoirs des marchés pour aussitôt y installer des boutiques haut standing, l’année 2011 sera l’occasion de tous les bilans et de tous les dangers.



Francis BIDJOCKA

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